Création le 26 février, reprise le 12 mars 2018 pour le 375ième de Montréal

Une commande du Musée Pointe-à-Callière
Quintette de cuivre Magnitude 6, soliste Frédéric Demers, percussioniste, Frédéric Lapointe, à l’égoïne et l’égoïnes à tiges (lutherie de Sonia Paço-Rocchia), traitement en temps réel (lutherie numérique de Sonia Paço-Rocchia) joué par l’électroacoustiste Roxanne Turcotte, et avec une partie de train solo et une partie du bateau Cavalier qui a demandé un dévouement notable des musiciens bénévoles. 

Au Musée Pointe-à-Callière
À toute l’équipe du Musée, tout particulièrement à Annick Deblois
À Dianne Labrosse
Au personnel des trains et des bateaux
Aux techniciens
À chacun des musiciens
Magnitude 6: Frédéric Demers, Francis Pigeon, Simon Jolicoeur, Laurence Latreille-Gagné, Samuel Lalande-Markon, Frédéric Lapointe avec l’électroacoustiste Roxanne Turcotte
À chacun des bénévoles, musiciens de bateaux, train, basilique, compteurs et tous les autres
À tous ceux qui ont mis la main à la pâte d’une façon ou d’une autre pour que ce projet puisse vivre.
Merci


Partitions


"Son coeur sur les épines", Jeanne Mance ne tient plus en place dans son pays natal. Elle ressent l’appel du nouveau pays. Elle y pense sans cesse. Elle retourne ciel et terre pour pouvoir s’y rendre, allant à la rencontre des bonnes personnes, de mauvaises aussi... Elle persévère et c’est de fils en aiguille qu’elle se retrouve à y aller pour être à la tête d’un hôpital et gérante de l’expédition du projet de Montréal: une nouvelle colonie d’habitation missionnaire sur une île déserte; l’île de Montréal. Un projet qui aura pour chef de mission Paul de Chomedey. C’est le 9 mai 1641 qu’ils quitteront la France. Jeanne Mance a 34 ans.

Je me mets dans ses souliers. Je la vois debout sur le pont du navire, les yeux sur les côtes qui s’éloignent. Ce pays où est sa famille, sa ville natale. Bien qu’elle ait un pincement au coeur, le projet qui est de l’autre côté de l’océan, l’envahi d’une chaleur, la grise d’angoisse et d’excitation, et c’est bien avant que la côte disparaisse complètement qu’elle s’est déjà retourné vers l’infini bleu, où tout là bas, se retrouve le nouveau pays et l’île de Montréal.

C’est des semaines plus tard qu’elle pourra enfin déposer son regard sur les côtes. Les semaines passées au milieu de l’océan ont été comme un arrêt dans le temps d’où elle en ressort stressée et épuisée. Mais la chaleur qui la grise est encore plus forte qu’à son départ. Cependant, elle craint que sa santé ne suive pas ses idées, et alors arrivée à Québec, sans le navire de Paul de Chomedey, une angoisse l’envahie.

Les mois passent à Québec, le travail ne manque pas. Certains jours, le projet de Montréal semble être un mirage. Elle prend de la santé, mais entre le retard de Paul de Chomedey et les mauvaises nouvelles du côté de Montréal, des doutes la prend, mais le courage lui revient totalement à l’arrivé du navire.

Il faudra encore passer l’hiver avant de prendre le fleuve pour l’île de Montréal. Les yeux sur les côtes verdoyantes du St-Laurent, ses idées courent, doute et force s’entrecroisent, excitations et peurs s’affrontent, elle doit se concentrer pour apprécier la beauté du paysage. Mais lorsqu’on lui pointe l’île, elle semble plus belle et plus généreuse que les côtes. Sur cette île, il n’y a rien, rien qu’un projet et celui-ci lui brûle les tripes et ouvre son âme si grand qu’elle pourrait envelopper Montréal toute entière. Lorsqu’elle pose les pieds sur la terre ferme, l’île semble la bercer doucement.

Nous sommes le 17 mai 1642, enchantée Montréal.